Plus d’insomnie avec le Dr Li

Publié le par Marie Giral

Plus d’insomnie avec le Dr Li

Après six mois passés sans pouvoir dormir naturellement, j’espérais trouver une solution, mais où ? Une collègue russe de Scott, mon mari, lui a recommandé une clinique de médecine chinoise. Allons bon, me dis-je, je n’ai plus rien à perdre, et en plus, miracle, elle est située sur le parcours du trolleybus qui passe non loin (distances moscovites).

La clinique, située dans un bloc de bâtiments avec cour intérieure, comme il y en a tant ici, se trouve à côté de la flamboyante cathédrale du Christ-sauveur, un emblème de la Russie vainqueur (vainqueresse ?) des armées napoléoniennes, dans un quartier étonnamment préservé des ravages constructeurs des années 30, 50 et la suite. A l’exception de cette cathédrale qui fut dynamitée en 1931 sur ordre de Staline pour y bâtir un Palais des soviets écrasant coiffé d’une gigantesque statue de Lénine. La chose aurait mesuré 500 mètres de haut portant haut l’idéologie. La guerre arriva et elle ne fut finalement jamais bâtie, laissant place à la plus grande piscine du monde https://fr.wikipedia.org/wiki/Piscine_Moskva#/media/File:%D0%91%D0%B0%D1%81%D1%81%D0%B5%D0%B9%D0%BD_%D0%9C%D0%BE%D1%81%D0%BA%D0%B2%D0%B0_1969_-_panoramio.jpg (l'esthétique des liens hypertextes n'a de cesse de me stupéfier) pour revenir à la case départ avec reconstruction de l’emblème triomphant en cinq ans, inauguré en grande pompe et en toute orthodoxie en 2000.

A l’intérieur de cette clinique, deux perroquets parlant russe et français et trois secrétaires ne parlant que russe vous accueillent. « Ça va Jacquot ? » répètent les perroquets. « Daubry dien » (bonjour) vous disent les secrétaires. Après, vous n’aurez qu’à vous dépatouiller en russe pour les rendez-vous et les papiers.

Or donc, j’en suis à la 6e séance avec le Dr Li et n’ai pas eu besoin de mes pilules somnifères une seule fois depuis. Les impatiences dans les jambes sont là depuis 40 ans, il faudrait un mage ou un shaman pour que ça s’envole d’un coup, mais je dors et me rendors assez facilement. Ceux qui dorment d’une traite, les bienheureux, se diront, « Oh mais ça marche pas si bien que ça puisqu’elle se réveille encore la nuit ! » Oui, et pas qu’une fois, mais le sommeil est retrouvé, c’est l’essentiel et je suis ra-vie.

Tout se paie cependant, et pas seulement en monnaie sonnante et trébuchante. Quand le Dr Li, qui ne parle que chinois (nous avons donc avec nous une traductrice russe qui maîtrise le mandarin et l’anglais) m’a demandé si j’avais déjà essayé l’acupuncture, j’ai répondu oui, fiérote.

L’acupuncture en Europe est douce. La sienne est… différente. Il me dit que c’est la vraie acupuncture, avec aiguilles double format qu’il vous enfonce vigoureusement. Quand vous poussez un gémissement, car ça fait parfois terriblement mal, il vous regarde fixement mais avec compréhension, et fait « tss, tss… ». Vous ravalez votre cri et lui faites un sourire minable.

Vous pourrez vous remettre avec un délicieux thé vert en regardant les magnifiques documentaires de National Geographic doublés en russe sur la vie - faune, flore et habitants - en Chine.

Je lui envoie Scott samedi, non pour me venger, mais dans l’espoir que l’acupuncture chinoise trouve quelque chose pour qu’il marche plus facilement.

Le thé vert et les perroquets seront toujours là pour lui. Ils ne parlent pas anglais, nobody’s perfect.

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