Ce qui est rare est cher?

Publié le par Marie Giral

Ce qui est rare est cher?

Visions du monde. Elles diffèrent selon où l’on est né et a grandi. Il règne ici un sentiment puissant de ce qui nous relie à la Terre et de notre finitude, avec en parallèle, une ignorance crasse de la santé de celle-ci et de sa finitude à elle aussi. Même dans un immense territoire, à donner des vertiges d’abondance. Illusion fatale. L’inconscience environnementale qui prévaut à Moscou (je ne sais pas comment c’est dans le reste du pays) n’est ni arrogance ni déni. Un vide, une absence organisée d’information.

Dans les supermarchés, je ne cesse de refuser les sacs plastiques qu’on vous donne ici à profusion ; au restaurant, les serviettes en papier qu’on vous change à chaque plat. « Pollution », dis-je, et il faut vraiment que j’apprenne à dire zagrazniènié puisque le terme français n’éveille rien.

J’ai pris un verre avec des Russes éduqués l’autre jour et sans gants, leur ai exprimé mon incompréhension : pourquoi vous évertuez-vous à détruire votre pays que vous aimez tant, un pays dont la nature est parfois intacte - ce qui semble fou vu les abus qu’elle subit depuis plus d’un siècle – et d’une beauté à couper le souffle ? Regards blancs, incompréhension.

Alors je détaille : vous ne triez aucun déchet ; les arroseuses municipales (une spécialité russe, voir photo) arrosent les rues même quand il pleut ; vous avez des gouvernements qui décrètent que les appartements, les trains, les bus doivent être chauffés à 26° et comme c’est trop chaud, vous ouvrez grand les fenêtres toute la journée. J’aurais pu continuer, mais devant le fossé d’incompréhension, l’écoute bienveillante mais surprise, j’ai arrêté. Alors l’un d’eux, comme pour me rassurer, a dit « C’est parce qu’ici on n’a jamais payé l’électricité ni l’eau. »

C’était le système qui voulait ça et il en reste cette trace-là. Faudrait-il payer le soleil pour comprendre le bonheur du jour, chaque matin ?

Ce qui est rare est cher?
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S
Merci de pouvoir partager ton regard bienveillant, chère Marie. Love, sue
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